Salut à la mer

Des routes de campagne dans le paysage de bocages bourguignons et pour charmer les oreilles, l’écoute d’une émission déjà entamée sur France Musique où déferlent les vagues de La Mer de Debussy, suivies de l’interview d’une dame dont je n’ai pas vraiment saisi le nom. S’agit-il de Christiane DOTAL qui va donner une conférence au musée Courbet d’Ornans sur Courbet et la mer ? Peut-être. Il m’a semblé saisir ce prénom de Christiane.

A la question sur l’intériorité et la musique, la dame répond : « on entend intérieurement. On entend toujours intérieurement. Si on n’entend pas intérieurement, on n’entend rien… ».

-Et qu’évoque pour vous cette musique ?

-Elle me fait penser à un tableau de Courbet où on voit un homme saluer de son chapeau l’immensité de la mer…

J’ai saisi au vol ces paroles qui ont fait mouche, avec probablement les trahisons dues à toute communication orale. En plus, la mémoire commence déjà à trahir les souvenirs de ces paroles si belles sur la relation de cet homme peint à la mer qu’il salue.

 

L’intériorité. Pour Thomas d’ANSEMBOURG, psychothérapeute et formateur en communication non violente, « l’intériorité est un espace de ressourcement intime que nous pouvons apprendre à ouvrir et à nourrir au cœur de nous-mêmes… »

Je retiens, « espace » et « intime », qui n’appartient qu’à moi, au cœur de mon être profond, que certains concrétisent en tenant un journal intime.

Y a-t-il de l’espace en moi pour de l’intériorité ?

 

Je retiens aussi « ouvrir » et « nourrir ».

Et je reviens à ces paroles qui m’ont touchée et me restent : « si on n’entend pas intérieurement, on n’entend rien ».

Qu’est-ce que j’entends intérieurement ? Quelle est la « musique » de la vie qui nourrit mon intériorité ? Quelles sont les sources où puiser l’eau qui fera croître et vivre cette vie intérieure qui me nourrit ?

Immédiatement, je visualise ce puits sous le soleil torride de Samarie, et la rencontre de Jésus et de la Samaritaine. Jésus, la source d’eau vive.

Oui, mais pas seulement. Il y a les sources secondaires : la musique qui parle à mon âme, les textes qui me bouleversent, me mettent en marche, me font réfléchir, la nature, avec ses exigences et ses lois qui m’initient à la patience, la philosophie et le respect,

les sciences, l’histoire, les arts plastiques, le théâtre et le cinéma, les belles rencontres fortuites ou pas, la découverte d’autres façons de vivre, de penser et de croire, tout ce qui peut alimenter une saine curiosité…

 

Toutes ces sources créent une mer intérieure, parfois calme mais toujours en mouvement, parfois agitée mais toujours à la recherche de paix, c’est une mer infinie où puiser la capacité de regarder et de voir les êtres et les choses autrement, les forces pour se remettre en question, la nourriture pour réfléchir, se développer, progresser, l’esprit critique pour évaluer, l’équilibre pour vivre. Tout simplement.

Mer intérieure, avec des vagues de bonheurs intenses, de joies profondes, mais aussi de questionnements sans réponses, d’indignations et de révoltes, dans un mouvement de marées qui laissent des traces dans le sable.

 

Sur la plage de ma vie, je me tiens debout, face à la mer et je la salue de mon chapeau, pleine de reconnaissance pour tout ce qui me fait vivre et qui me vient d’ailleurs, des autres et d’un Autre, dans une abondance toujours renouvelée.

 

Yvette Vanescotte

Image : pixabay

 

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